La mémoire
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Introduction :
La mémoire est une fonction très complexe, qui permet d’apprendre et de conserver toutes sortes d’informations, dans le but de les réutiliser par la suite. C’est la mémoire qui permet de reconnaître des objets et des personnes en associant leur aspect avec leur nom et leur fonction. C’est également la mémoire qui permet d’apprendre à parler ou à faire du vélo, en apprenant les successions de gestes à produire. C’est encore la mémoire qui nous permet de raisonner, en faisant appel à des concepts abstraits que l’on a déjà mémorisés, pour les appliquer sur de nouvelles informations.
On considère généralement que la mémorisation d’informations se fait en plusieurs étapes. Chaque étape a une fonction et des propriétés bien particulières.
Pour simplifier, nous allons faire l’analogie avec une maison. Chaque étape de la mémorisation correspond ainsi à un élément de la maison.
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RIS :
Pour commencer, considérons qu’une multitude d’informations de toutes sortes, issues de l’environnement, se présente à nous en permanence : la couleur et la forme de la tasse posée sur la table, le bruit d’un camion qui passe dans la rue, le courant d’air sur notre bras, la musique qui passe à la radio, l’aspect du papier peint au fond de la pièce, l’odeur du gâteau qui émane du four de la cuisine… Toutes ces informations sont recueillies par nos organes sensoriels : yeux, oreilles, peau, nez…
Considérons que toutes ces informations sont des courriers, des brochures de toutes sortes. Elles arrivent dans la boîte à lettres de notre maison.
Cette « boîte à lettres » est appelée le Registre d’Informations Sensorielles (RIS). Le RIS est la première étape de la mémorisation : il correspond au recueil automatique et inconscient des informations sensorielles. La quantité d’informations qui peut être recueillie va dépendre de notre niveau de vigilance et de concentration : si l’on est fatigué et pas très concentré sur ce qui se passe autour de nous, nous sommes moins en mesure de bien recevoir l’ensemble des informations.
Dans le RIS, les informations recueillies perdurent moins d’une seconde. Elles vont être en quelque sorte sélectionnées selon leur pertinence et l’intérêt qu’on leur porte. Les informations sélectionnées seront alors envoyées vers la deuxième étape, alors que les autres, non sélectionnées, ne seront pas traitées plus en profondeur et seront perdues.
C’est ce qui se passe avec notre boîte à lettres : nous sélectionnons les courriers qui nous intéressent, et jetons directement ceux qui ne nous semblent pas intéressants.
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Mémoire de travail :
Que fait-on lorsqu’on a récupéré son courrier ? On l’emporte jusqu’à notre bureau, pour le lire, le trier, le ranger : on va effectuer un travail sur ce courrier.
Cela correspond à la deuxième étape de la mémorisation : les informations recueillies et sélectionnées dans le RIS sont envoyées en Mémoire de Travail. Comme son nom l’indique, il s’agit de l’étape de la mémorisation où l’on va effectuer un travail sur les informations recueillies. Pour simplifier, on peut considérer que la Mémoire de Travail correspond à tout ce à quoi nous sommes en train de penser consciemment, en ce moment même. C’est là que nous allons manipuler les informations pour les mémoriser. On parle d’encodage des informations : cette étape consiste à structurer, à organiser, à trier et classer les informations, en les répétant ou encore en les comparant à celles que l’on connaît déjà. Par exemple, pour bien mémoriser une liste de courses : « tomates, jus de fruit, jambon, vin, steak haché, salade », nous allons trier ces informations en mémoire de travail : les légumes (tomates, salade), les boissons (jus de fruit, vin) et les viandes (jambon, steak haché). Plus le travail effectué est élaboré, plus les informations sont structurées et « rangées ». Mais les informations en Mémoire de Travail sont là de façon temporaire : elles vont être rangées (plus ou moins bien), mais certaines peuvent être perdues. Si la Mémoire de Travail est surchargée d’informations qui arrivent en continu, nous n’avons pas le temps de les ranger efficacement.
C’est ce que l’on fait sur notre bureau : nous trions les courriers, nous rangeons les informations dans des classeurs bien organisés. Si le temps nous presse, le tri est moins ordonné, les courriers sont placés un peu « en vrac » dans les classeurs, et certains peuvent être perdus.
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Mémoire à long terme :
Une fois que les courriers sont rangés (plus ou moins efficacement) dans les classeurs, nous rangeons ces classeurs dans notre bibliothèque. Ils seront disponibles pour être consultés en cas de besoin.
Cela correspond à la troisième étape de la mémorisation : le stockage des informations. Les capacités de stockage sont illimités, à la fois en terme de quantité, et de durée. Les différentes informations sont donc stockées dans notre cerveau, et constitue notre Mémoire à Long Terme et nos souvenirs, lorsqu’ils ne sont pas consultés.
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Récupération :
Lorsque nous avons besoin de consulter à nouveau un ancien courrier, nous récupérons le classeur correspondant dans la bibliothèque, pour le remettre sur le bureau et y chercher le courrier en question. S’il avait été bien rangé, il sera plus facile de le retrouver. S’il avait été mal rangé, alors le retrouver demandera plus de temps et d’efforts.
Cette dernière étape est appelée la récupération. Elle consiste à ramener en Mémoire de Travail des informations jusque-là stockées en Mémoire à Long Terme. Si les stratégies d’encodage étaient efficaces, alors le souvenir est relativement facilement retrouvé. Si les stratégies étaient inefficaces, alors c’est plus difficile. En résumé, plus le souvenir est élaboré, bien classé, plus il sera facile à retrouver.
Une technique pour mieux mémoriser consiste donc, par exemple, à essayer d’enrichir le plus possible les informations que l’on souhaite mémoriser : établir des liens avec des informations que l’on connaît déjà, faire des regroupements, etc. Cela permettra de se guider par la suite pour récupérer les informations souhaitées.